Le café est une des boissons les plus consommées au monde grâce à ses effets stimulants et ses saveurs particulières. Mais savez-vous par quels mécanismes le café et autres boissons caféinées vous donnent ce fameux coup de boost ?
Le café
Les graines de café proviennent du caféier, un arbuste originaire d’Afrique. Il existe de nombreuses variétés de caféiers sauvages mais seules deux espèces fournissent l’essentiel du café marchand :
Le Coffea arabica , variété particulièrement appréciée pour ses arômes et qui couvre 70% de la production mondiale.
Le Coffea canephora (robusta), variété de café amer et corsé plus facile à cultiver et moins cher que l’arabica.
Le caféier porte des fruits qui sont récoltés à maturité pour en extraire leurs graines. Les graines sont ensuite torréfiées (grillées) afin de créer plusieurs centaines de nouvelles substances donnant les arômes et les saveurs typiques du café. Le café torréfié contient plus de 1000 molécules chimiques dont la caféine célèbre pour ses effets stimulants.
Quel est le rôle de la caféine dans la nature ?
La caféine est une molécule chimique présente dans le caféier et également dans une 60aine d’autres plantes comme le théier, le cacaoyer, le kolatier ou encore le guarana. C’est un pesticide naturel qui permet à la plante d’éloigner certains insectes mais également d’inhiber la germination de certaines graines étrangères qui pourraient compromettre ses chances de survie dans la nature.
La caféine
La molécule de caféine a été découverte et isolée du café dans les années 1820. Elle est depuis devenue la substance psychoactive la plus consommée au monde.
La caféine peut être d’origine végétale naturelle comme c’est le cas dans le café, thé ou cacao et dans ce cas nul besoin d’indication sur les produits hormis les dénominations de plantes ou d’origine synthétique comme c’est le cas dans la plupart des sodas, boissons énergisantes et médicaments qui doivent en faire mention sur leurs étiquettes.
A noter que certains produits contiennent de la caféine d’origine naturelle en plus de la caféine synthétique indiquée sur l’étiquette, il est donc parfois difficile d’estimer la véritable teneur en caféine de certains produits.
Il existe sur le marché de la caféine pure en poudre consommée pour ses effets stimulants très puissants, une cuillère à café de caféine pure équivaut à la dose en caféine de 25 cafés. Ce produit peut facilement créer une dépendance physique et a déjà causé plusieurs décès par overdose.
Caféine, adénosine et cerveau
La caféine ingérée va être très rapidement absorbée par le système digestif pour ensuite pénétrer dans la circulation sanguine. La caféine est capable d’atteindre le cerveau en moins de 20 minutes car elle traverse facilement la barrière hémato-encéphalique qui est notre barrière naturelle de protection délimitant la circulation sanguine du cerveau. Une fois dans le cerveau, la caféine s’installe sur les récepteurs à adénosine, un neuromodulateur qui régule différents processus physiologiques dont le cycle veille-sommeil.
En prenant la place des récepteurs à adénosine, la caféine jouera un rôle d’antagoniste et empêchera l’adénosine d’exercer son rôle de frein naturel qui en temps normal déclenche le besoin de sommeil après une période d’éveil prolongé.
En plus de participer à la mise en place du sommeil, l’adénosine ralentit l’activité nerveuse, dilate les vaisseaux sanguins pour augmenter l’apport en oxygène, elle est anxiolytique, sédative et anti-convulsivante.
Par conséquence, la consommation de caféine va exciter les cellules nerveuses et contracter les vaisseaux sanguins. L’excitation des cellules nerveuses va provoquer une libération d’adrénaline, l’hormone du stress qui nous prépare physiquement à la « fuite ou au combat » qui déclenchera une cascade de réactions physiologiques : accélération du rythme cardiaque, hausse de la pression artérielle, augmentation de la tension musculaire mais aussi une plus grande vigilance.
L’adrénaline permet d’accroitre le niveau d’attention et donner un pic d’énergie.
C’est l’homme face à l’ours qui doit prendre ses jambes à son coup pour sauver sa peau.
La caféine va également augmenter la production de dopamine, neurotransmetteur ayant de nombreuses implications mais dont les plus connues sont sa participation à notre réponse au plaisir et à l’addiction.
Métabolisation et caféine
La caféine est dégradée dans le foie grâce à l’enzyme cytochrome P450 qui va le transformer en trois métabolites différents:
La paraxanthine, molécule ayant des effets sur le système nerveux central similaires à la caféine (84%)
La théobromine, molécule qui dilate les vaisseaux sanguins et augmente la diurèse (12%)
La théophylline, molécule qui relaxe les muscles lisses (4%).
Ces métabolites seront ensuite éliminés dans l’urine.
Chez l’adulte sain, la demi-vie de la caféine, qui est le temps nécessaire au corps pour éliminer la moitié de la quantité ingérée, est en moyenne de 3-7 heures mais diffère en fonction de chaque individu. Concrètement il faut compter environ une dizaine d’heures avant de pouvoir totalement éliminer les molécules de caféine de l’organisme.
Toutefois, la vitesse de métabolisation dépend de divers facteurs comme l’état de santé, l’âge, la corpulence, grossesse ou non, prise de médicaments, interactions avec d’autres substances chimiques, génétique et sensibilités individuelles.
Café et tabac
La vitesse de métabolisation de la caféine est doublée chez les fumeurs car certaines substances présentes dans la fumée du tabac vont accélérer l’élimination de la caféine. C’est peut-être la raison pour laquelle certains fumeurs sont des grands buveurs de café.
Alcool et boissons caféinées
Mélanger l’alcool à des boissons énergisantes est populaire chez les jeunes noctambules.
Dans ce genre de cocktail le goût sucré des boissons énergisantes va masquer le goût de l’alcool et peut inciter à consommer d’avantage et plus longtemps.
Au niveau physiologique, l’effet anxiolytique de l’alcool compense l’effet excitant de la caféine car ils interfèrent tous deux avec la neurotransmission de l’adénosine, c’est donc un leurre pour notre cerveau qui ne transmettra pas des informations justes quant aux prises de risques.
Café et grossesse, quels sont les risques?
Chez les femmes enceintes la demi-vie de la caféine est augmentée (10-12 heures) et ne sera donc pas éliminé de son organisme avant 24 heures.
Selon une étude menée par le National Institute of Environnemental Health, une tasse de café moulu par jour réduirait de 50% les chances de grossesses d’une femme, à noter que plus les doses sont élevées plus les risques le sont.
De plus, la caféine traverse le placenta de la femme enceinte pour atteindre le fœtus qui va se confronter à une quantité importante de caféine susceptible d’interférer avec son développement cérébral. Cette intrusion peut être la cause de fausse couche car ni le placenta, ni le fœtus n’ont l’enzyme (cytochrome P450) nécessaire à la dégradation de la caféine. Toutefois, de nombreuses femmes ressentent naturellement le besoin de réduire ou d’arrêter le café durant leur grossesse.
La caféine passe également dans le lait maternel à hauteur de 50% de la dose ingérée par la mère. A savoir qu’un nouveau-né ne peut pas métaboliser (dégrader) la caféine comme un adulte à cause de l’immaturité de son foie et de ses reins et ceci jusqu’à l’âge de 6 mois. De plus la caféine peut réduire la production de lait maternel et sa qualité.
Chez les nouveau-nés la demi-vie de la caféine se situe entre 65 à 130 heures, il faudra donc plusieurs jours avant que le bébé puisse totalement éliminer la caféine de son corps.
Consommation de boissons caféinées chez les enfants et adolescents
Les teneurs en caféine d’un soda sont moins importantes que dans un café mais l’impact physiologique diffère en fonction du poids. Par exemple un enfant de 20kg qui boit un soda aura un impact physiologique similaire a un adulte de 70kg qui boit 2 tasses de café.
Selon le groupe « addiction suisse », une canette de 250ml de boisson énergisante bien connue contient 80mg de caféine (synthétique), ce qui équivaut à boire deux expressos ou ½ litre de coca. Les conséquences négatives sont d’autant plus importantes chez les plus jeunes à cause de leur faible corpulence et leur immaturité cérébrale. Les adolescents et jeunes adultes sont le public cible des différentes marques de boissons énergisantes mais aussi une catégorie de personnes vulnérables.
Plusieurs études font le lien entre certains troubles du comportement chez les jeunes, violence, colères, nervosité, troubles du sommeil, hyperactivité avec la consommation régulière de sodas et boissons énergisantes caféinées.
D’autres études ont constaté que les enfants atteints de Troubles Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) sont plus sujets à l’abus de caféine, ils supposent que les effets de la caféine sur les récepteurs dopaminergiques sont une des causes de ses résultats. La dopamine est impliquée dans plusieurs processus neurologiques dont la motivation, le plaisir, la cognition et la mémoire.
Les boissons énergisantes à teneur élevée en caféine est associée à une élévation de la pression artérielle et à des accidents cardiaques graves survenus chez des enfants et adolescents avec des prédispositions cardiaques parfois non diagnostiquées.
Au vu des potentiels effets négatifs sur le développement, je déconseille les boissons caféinées (surtout Energy drinks) aux plus jeunes comme recommandé par de nombreux chercheurs, médecins et neurobiologistes qui demandent à ne pas encourager ce type de consommation chez nos enfants et adolescents. De plus il faut noter que la quantité de sucre de ces boissons est excessive et peut mener à des problèmes de surpoids.
Encore un petit café ?
Une fatigue masquée par une boisson caféinée réapparaitra lorsque la caféine ne fera plus ses effets d’où l’envie d’en consommer à nouveau. Si la boisson est bue tardivement, la qualité du sommeil sera impactée de façon plus ou moins visible en retardant le sommeil et/ou en modifiant les cycles naturels de sommeil et donc sa qualité.
Lorsque la nuit de sommeil n’a pas été suffisamment réparatrice la journée démarre souvent avec un bon café ou autre boisson stimulante. C’est alors un cercle vicieux qui se met en place pour se maintenir « prêt à l’attaque » et qui peut parfois conduire à une véritable accoutumance physique.
Le café peut il provoquer des carences en minéraux ?
La caféine va augmenter l’élimination de certains minéraux comme le calcium et le magnésium. Il vaut mieux éviter de boire du café ou du thé durant un repas car les tanins présents dans le café et le thé vont fortement inhiber l’absorption du fer végétal.
Sevrage de la caféine
L’accoutumance à la caféine peut passer inaperçue jusqu’au jour où le buveur de café arrête brusquement d’en consommer. L’apparition de maux de tête peut être un des signaux que le cerveau est en manque.
Le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-5) décrit comme suit
les critères de sevrage au café: maux de tête, fatigue marquée ou somnolence, humeur dysphorique, humeur dépressive et irritabilité, difficulté à se concentrer, symptômes pseudo-grippaux (nausées, vomissements ou douleurs musculaires, raideur).
Ces symptômes peuvent commencer 12 à 24 heures après la dernière dose et peuvent durer entre 2 à 9 jours sauf pour les maux de tête qui peuvent persister jusqu’à 3 semaines après l’arrêt total du café. Le sevrage devrait se faire de manière progressive sur plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Conclusion
Dans cet article j’aborde principalement l’impact physiologique des effets stimulants de la caféine présente dans les boissons caféinées. Il faut garder à l’esprit que de nombreux paramètres rentrent en ligne de compte pour juger des effets d’un produit sur un individu donné.
Le pouvoir excitant de la caféine ne sera pas identique selon qu’elle soit d’origine synthétique ou d’origine végétale, selon le type de plante, sa variété (café arabica ou robusta, thé vert ou noir, etc.), l’ensemble de ses constituants moléculaires, sa teneur en caféine et son type de préparation (durée d’infusion, température, etc.).
Comme mentionné dans mon article, nous ne sommes pas tous égaux face aux substances stimulantes et plusieurs catégories de personnes sont à risques de consommer des boissons caféinées de manière régulière.
Nos modes de vies intenses nous mettent parfois dans le rouge et peuvent inciter à consommer de manière excessive ou régulière des produits stimulants ou calmants qui peuvent momentanément répondre à nos besoins.
Un véritable donneur d’énergie ne fonctionne pas au détriment de nos temps de repos naturels. Il est préférable de passer en revue notre hygiène de vie en diminuant les pratiques énergivores et en introduisant des pratiques génératrices d’énergie et donc de bien-être.
Une alimentation équilibrée, un sommeil suffisant et réparateur, prendre l’air frais régulièrement, marcher ou faire du sport, être en accord avec soi-même et son environnement sont beaucoup de principes qui permettent à l’être humain de se rééquilibrer naturellement tout en gardant la porte ouverte pour son péché mignon de temps à autre.
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Sources:
Société chimique de France, Caféine sur<http://www.societechimiquedefrance.fr/cafeine.html>
Comparaison caféine, comparaison : Thé, Café, Coca-Cola sur<https://www.thevert.com/cafeine/comparaison-the-cafe-coca/>
Interactions pharmacocinétiques entre fumée de tabac et médicaments sur<http://www.pharmacie-vivre-sans-tabac.ch/fr/page-dacceuil/arret-du-tabagisme/effets-de-la-desaccoutumance/wechselwirkungen.html>
Sergi Ferré and Mary Claire O'Brien, Journal of Caffeine research, Alcohol and Caffeine: The Perfect Storm sur<https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3621334/>
La caféine sur<http://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/onen/cafe/sommaire.php>
Médecine/sciences 1987; Jean-Luc Daval, Importance physiologique de l'adénosine dans le système nerveux central Sur<http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/3643/MS_1987_3_138.pdf?sequence=1>
Jennifer L. Temple, Christophe Bernard, Steven E. Lipshultz Jason D. Czachor, Joslyn A. Westphal,and Miriam A. Mestre, Front Psychiatry 2017, The Safety of Ingested Caffeine: A Comprehensive Review Sur<https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5445139/>
Fiche d’information boissons énergisantes, sur< http://shop.addictionsuisse.ch/download/790e8d975c1b6a147ca7a8baacf67b9e4784351c.pdf>
Caféine et durée d’infusion sur <https://www.thevert.com/cafeine-et-duree-dinfusion/>
Dr. Jean-Michel Morel, traité pratique de phytothérapie, Editions Grancher 2008
Michel Dubray, Guide des contre-indications des principales plantes médicinales, Editions Lucien Souny 2010
American psychiatric Association, DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Elsevier Masson 2015